Chasse à courre...

-Et merde ! Quelle conne je fais !

Il faisait nuit noire, ce qui rendait ma vision encore plus mauvaise. Une fois de plus, je me suis arrangée pour m'attirer des ennuis.
J'avais à mes trousses, quatre soldats de la milice Victorienne, toutes lances dehors. Il fallait à tout pris que je leur échappe, sinon...
C'est donc courant à en perdre haleine que j'atteignis les bois, tantôt glissant sur les feuilles mortes, tantôt me prenant les pieds dans les racines exiguës.
Sans prendre la peine de m'orienter, j'avançais droit devant, là où les feuillages se faisaient plus dense. Je sortis ma dague, encore pleine de sang, écartant les branches de mes yeux.

D'ordinaire, je nettoyais tout avec le plus grand soins, mais cette fois je me suis fait prendre alors que j'entrais dans les cuisines du château, par la fissure que personne ne prend la peine de réparer. Quelle bande de fainéants !
Manque de chance un garde se tenait là, pendant son temps de pause. Je du lui enfoncer ma lame dans le bide, mais son cri à alerté toute la meute et me voilà paumée au milieu de nulle part, quatre de ses potes à mes trousses !
La prochaine fois je toquerait avant d'entrer !

Qu'est-ce donc qui brille là-bas ? Du feu ?

Miracle, un campement !

Louant à la fois toutes les divinités d'Opéra, j'atteignis la tente la plus proche, souleva un pan de tissus et m'abritant à l'intérieur.

Il y régnait une douce chaleur et ça sentait bon le ......euh, sang.

Je me retournais lentement et me retrouvais face à face avec une jeune femme.

Lui adressant mon plus grand sourire , je ne bougea pas d'un pouce, restant dans la drôle de position accroupie-agenouillée dans laquelle j'avais atterris.

Je regardais d'un air coupable, la haute silhouette qui me regardait dans les yeux...

Toujours sans rien dire, je regardait la haute silhouette s'avancer.
Sans aucun doute, c'était une femme. Un immense soulagement m'envahit. Moi qui m'attendait à tomber sur une grosse brute baraqué comme une armoire...
Arrivée devant moi, la femme me fixa un instant avant de me soulever par le col d'une seule main, l'autre m'enlevant la fine dague que je tenait toujours de la main, me désarmant par le même occasion.

Elle mi son visage à quelques centimètres du mien et me dit à voix basse, dans un chuchotement menaçant :


- Te serais-tu... perdue ?

*Sacrée merde! Je sais pas si je préfère me retrouver là, à être ballotée dans le vide ou à me faire courser par des soldats...Où me suis-je encore fourrée ?!*

Prenant bien soins d'articuler clairement et de ne pas faire de mouvements incongrus, je répondit en soutenant son regard glacial :

-On peut dire ça comme ça, en effet. Même si dans un premier temps, ce n'était pas moi que je voulais perdre.

Je venais de reconnaître Ajira, l'une des Malum Hominem, ces meurtriers rendu célèbre que toute la milice Victorienne recherche activement. Leurs têtes étaient mises à prix pour un bon petit pactole en ville.

-Maintenant, si j'étais vous, je me reposerai par terre car, J'ai malencontreusement ramené quelques un des gugus Victorien ici. Ce serait vraiment dommage que j'attire leur attention , vous ne croyez pas ?

Celle que je croyais reconnaître comme Ajira, sortit un instant de la tente après l'avoir reposée à terre. Le temps pour moi de soupirer et elle revint promptement avec ce qui vu l'odeur ressemblait à un amalgame de chairs en pré-décomposition.
Je dû froncer le nez, pour ne pas vomir...Comment peut-elle amener ce truc puant ici ?

Elle me lança la "chose" que j'attrapais avec un dégoût manifeste. Et c'est avec force maîtrise que je me retint de vomir lorsque j'identifiai cette "chose" comme un reste de carcasse humaine.

Ajira s'approcha alors pour me susurrer les douces intentions qu'elle avait su leur accorder pour leur garantir une fin héroïque.

Je tentais de garder le visage impénétrable, tout en m'imaginant les conditions honorifiques qui ont causés leur perte.

Bien. Maintenant que tu sais de quoi je suis capable, tu as peut-être autre chose à dire... avant que je ne m'amuse avec toi ?

Presque du tac-au-tac je lui répondit en lui lançant son trophée:

Bravo pour ton explication enrichissante mais vois-tu, j'ai toujours préféré les meurtres sans fioritures. Net, rapides et précis. Pas de bla-bla quand il s'agit de donner la mort. Il y a tellement de choses à faire au lieu de euh...découper les orteils un à un et je ne sais-quoi d'autre.....

Je haussais les épaules avant d'ajouter avec un petit sourire coupable :

Et puis, excuse-moi, mais honnêtement...pas terrible l'odeur que ça ramène...ya mieux comme parfum d'intérieur !


Presque instantanément, je regretta mes paroles. L'espace d'un instant j'avais oublié à qui je parlais et que je n'étais nullement en position de faire de l'humour.

*Sacrée Merde ! Avec ma grande gueule, dans quoi je me suis fourrée ?*

Tu as fini ? Ton discourt était assez ennuyeux, et je commences à perdre patience... Prête ?

N'ayant pas eu le temps d'assimiler les dernières paroles de mon interlocutrice sadique, celle-ci chargea presque instantanément, me percutant de plein fouet en m'envoyant brutalement heurter la pile de caisses en bois située derrière.

Quelque peu assommée, j'esquivais maladroitement un coup de dague destiné à charcuter mon oreille droite.
Un grincement m'indiqua que la lame c'était fichée dans le bois. Pfiouu !

Ce petit coup de frayeur eut pour effet de me regonfler à bloc, et c'est avec une ardeur nouvelle que, à mon tour je mi tout mon poids sur Ajira qui essayait rapidement de retirer son arme...

Au fait, elle était où la mienne ?

*Quelle Boulet je fais !*

Elle était là, sur l'herbe où j'avais atterris en échappant aux gardes...trop loin.

Ayant entendu le raffut au loin, il s'approcha la lame en main, prête à l'emploi . S'avançant suffisement prêt pour voir ce qu'il se passait, il trouva Ajira assise sur une inconnue, lui caressant la joue de sa dague perlée de sang .

Je pourrais t'aider à devenir bien meilleure encore !

Voyant la rodeuse lui chuchoter quelques mots, il en profita pour arriver jusqu'à elles tout en rangeant son arme .

C'est qui celle la, qu'elle vive encore ? Elle aurait pu faire une très belle proie, mais je vois que tu préfère la prendre sous ton aile .

Tu me plais bien... finalement... Tu as de l'énergie à revendre. Je pourrais t'aider à devenir bien meilleure encore ! Qu'en dis-tu ?

Ainsi étendue, le postérieur d'Ajira sur mon ventre, sa lame se baladant quelque part près de mon œil, je fut réellement surprise de sa proposition et ne répondit pas tout de suite.

Un Homme profita de mon silence pour arriver, un énorme claymore à la main.
Mon assaillante échangea quelques mots avec le guerrier qu'elle appela Rahor, ce qui me laissa le temps de réfléchir.

C'est vrai que ce pourrait être bien sympa de rester à ses côtés...je m'y plaît déjà !

C'est avec plaisir que j'accepte ta proposition, Ajira ! Mais je t'en prie, maintenant appelle-moi Consuelo.