Voilà quelques jours qu'Arwana avait quitté la contrée d'Ysenar, se séparant avec difficulté de son bien aimé, afin de retourner dans ses ignobles collines de feu, la magicienne haïssait cet endroit, il y faisait une chaleur insoutenable, et tout était si laid dans ce paysage volcanique. Mais rien n'y faisait, les peuples de cette région était encore les seuls à lui résister, désapprouvant sa corruption, ne cédant pas même une vulgaire potion à bas prix, à la dame de glace.
C'est en rage, qu'elle y revint, ne pouvant accepter qu'on lui tienne tête de la sorte, jusqu'à alors, elle avait réussi à s'imposer dans chaque région, reconnue des commerçants, respectée ... et ceux ci n'y ferait pas d'exception. On lui dit alors, que pour les amadouer plus facilement, elle devrais rendre quelques services.
- Des services ? Et puis quoi encore ?
Jusqu'à alors, Arwana n'avait accepté ce genre de procédé que pour recevoir en échange, connaissances, informations, ou objets utiles et insolites, devoir s'abaisser à cela pour mériter l'adulation d'un peuple ne l'enchantait guère, et elle s'apprêtait à désigner ces collines comme la prochaine cible des Malum Hominem lorsqu'un petit garçon tira sur sa robe aussitôt envoyé sur le sol d'une seule tirade arcanique.
- Fais attention petit, on ne dérange pas les inconnus, on ne vous apprend dont rien d'utile dans vos villages de fous, adorateurs du feu.
La magicienne, serrait avec force son bâton, et Absynthe la queue entre les pattes tenta de se tapir comme il le put contre les dalles du village, sentant l'agacement de sa maitresse.
- Mais m'dame, c'est que .. il faut fuir .. m'dame .. pardon m'dame.
Sans demander son reste le garçonnet fila, entre les jambes de la femme et son loup, et disparut.
Par reflex, Arwana se tourna vers l'endroit d'où avait semblé venir l'enfant, tout autour d'elle des voix commencèrent à s'affoler, mais que se passait-il, elle fixait le lointain de ses yeux vides qui ne lui renvoyaient aucune image, un grognement se fit entendre, son compagnon se préparait à combattre, mais combattre quoi ? Un bruit sourd se fit entendre, les vibrations sur le sol laissait à deviner qu'un éboulement avait lieu, serait le volcan qui rentrait en éruption ??
Des pas !! Des pas lourds, et des pierres !!
- Satanées soldats infernaux !!
Une douleur vive vint percuter la hanche de la magicienne qui s'effondra sous le choc, sentant sa tunique se désintégrer peu à peu .. elle brûlait !! Vite, il fallut réagir, ces soldats n'étaient pas seuls, vu la puissance de cette boule incendiaire, il était maintenant évident que des démons de feu accompagnaient la troupe attaquant le village.
Faisant virevolter sa baguette dans la main qui ne compressait pas sa hanche Arwana incanta en hâte un sort de givre, formant une barrière contre ses agresseurs et calmant de par là même la fournaise qui embrasait ses vêtements et sa peau.
Puis tout s'enchaina, les bras tendus à l'horizontale de chaque côté de son corps, elle invoqua tornade de glace, pluie, neige, et choc de mana, s'aidant parfois de son bâton, les démons de feu tombèrent d'abord, puis les quelques guerriers présents dans les bâtisses sortirent se joindre au combat, Absynthe tel un enragé sauta dans la cohue et dans jappement disparu ...
A l'abri des fourrés des arcs pointèrent abattants les derniers monstres survivants, leurs flèches fendants l'air dans des sons mélodieux, puis le calme revint.
La chair calcinée, et le corps tremblant encore de l'effervescence de la scène, la dame de glace tenta de reprendre sa stature habituelle, faisant appel à ses quatre sens restant afin d'évaluer les dégâts.
Des cris, des pleurs, les pertes ne s'étaient donc pas limiter au camp adverse, et ... son compagnon, la détresse s'empara du visage de la magicienne, qui se fit remarquer immédiatement.
- Veuillez me pardonner jeune femme, mais ce loup là bas ? C'était le votre si je ne m'abuse ?
- C'était .... ??
*Absynthe où es tu ?! Par le diable laissez moi le voir, le toucher.*
Les poings serrés, une sensation abominable s'empara d'elle, non ce n'était pas possible, pas lui. Son ami de toujours, son confident, son air dans les endroits étouffants, sa lumière de ce monde de ténèbres.
- Noooooon !!!!! RENDEZ LE MOIII !
- .. Si vous voulez bien ? Madame ?
Une main mal assuré se posa sur son bras, se rendant surement tout juste compte de sa cécité, un villageois mena Arwana jusqu'à une parcelle d'herbe encore humide des intempéries fraichement subit.
Au tintement furtif que firent les chaussures de l'homme sur le sol, elle sut qu'elle était seule, mais elle sentait les regards sur eux.
Avec délicatesse, elle posa ses doigts sur le pelage du loup, ce liquide visqueux ... c'était du sang, la femme se mordit les lèvres, soufflant toutes les formules de soins que son esprit torturé avait put apprendre, accompagnant ces mots de diverses mouvements vagues, soudain un bruit d'air qu'on inspire, faible, timide, mais présent, il vivait ..
Sans un mot, elle le pris sur son dos, des chuchotements se firent entendre, une jeune femme s'avança frêle, douce, il suffisait de l'entendre parler pour tout savoir d'elle, de sa vie simple, ses soucis futiles.
- Je vous prie d'accepter ceci, de la part de tous.
- Nous ne nous sommes pas battus pour vous ..
Répondit-elle froidement, tout en prenant des mains de l'innocente ce qu'elle lui tendait avec tant d'engouement apparent, dans ses mains la chose se mit à gigoter toussotant une fumée odeur de souffre.
- Un dragon ...
- Votre animal à passé l'âge de vous servir de bouclier !! Alors prenez ceci et déguerpissez de nos terres sorcière, notre dette est payé.
Cette voix s'élevait de loin, sans même relever la tête Arwana lui envoya en travers de la gorge l'un de ses stalactites brillant dont elle avait tout le secret de fabrication. Autour d'elle le brouillard se leva, et les murmures cessèrent immédiatement laissant place au fracas dérangeant du corps de l'inconscient qui avait osé porté atteinte à la magicienne.
- Bien, j'accepte votre bestiole. Mais je reste ici cette nuit, pour le reste ... qui vivra verra.
Un rire sournois, se fit alors entendre depuis la gorge de la femme au teint pâle et au cœur glacé. Elle n'avait pas oublié les raisons de sa venue, et même si l'incident actuel avait permis d'arranger ses affaires, elle n'en aurait surement pas fini de sitôt avec cette contrée si détestable.
Lun 15 Sep - 0:21